De multiples facteurs au service de la performance

25/02/2019

Pour décrire l'activité du saut à la perche, on peut recourir à la biomécanique ( = science interdisciplinaire qui étudie les concepts de la mécanique appliqués aux sciences du vivant ) et de la balistique ( = science des mouvements des projectiles), à la rhéologie ( = pour étudier la résistance des matériaux) et la kinésiologie ( = étude de la posture du corps). 

Partant de ce constat, les paramètres qui influent sur la performance sont nombreux.

Les facteurs physiques 

Nous avons rédigé cette partie à l'aide d'une spécialiste du saut à la perche: Bénédicte Berlemont. Pour avoir un aperçu de l'entretien, appuyez sur le bouton:

a) Les muscles

"Le saut à la perche: un sport complet"

        Même s'il n'existe pas de morphologie type de perchiste, car différentes dominantes physiques peuvent apporter différents atouts, le saut à la perche nécessite de bonnes capacités physiques générales. En effet, le saut à la perche est le sport le plus complet en athlétisme et nécessite donc l'usage de pratiquement tous les muscles. Tout d'abord, lors de la course d'élan (la première phase du saut) les jambes sont sollicitées. En effet, pour prendre de la vitesse, un perchiste nécessite principalement l'utilisation des ischio-jambiers, des quadriceps, des adducteurs, des fessiers, des mollets, et des muscles du pied.

Ainsi, que ce soit au niveau des appuis, de la stabilité ou du maintien du corps, les principaux muscles qui composent les jambes ont chacun des propriétés qui permettent le bon déroulement d'une course. Par conséquent, si leur développement et leur opérationnalité sont moindre, la puissance qu'ils vont développer diminuera et, ainsi, la vitesse du perchiste s'exténuera. On retrouve donc, ici, l'importance du développement musculaire pour pratiquer le saut à la perche. Or nous verrons en quoi la vitesse est un facteur capital durant le saut, dans une partie postérieure.

Lors d'une course, les muscles de la partie haute du corps sont sollicités mais leur importance est moindre. Ils vont jouer un rôle dans l'alignement et l'équilibre du corps et dans la qualité du cycle des jambes. Cependant, les muscles des bras, des épaules et des pectoraux, vont avoir une importance capitale, un peu plus tard, durant la phase du saut. En effet, ceux-ci permettent au perchiste de pousser sur la perche pour se propulser le plus haut possible, c'est le travail de levier. 

En revanche, durant un saut, les muscles les plus importants sont surtout les muscles lombaires, du bassin et de la ceinture abdominale, puisqu'ils représentent le centre de gravité de l'Homme. Or, on sait que la force du corps se concentre sur le centre de gravité. Leur développement permet donc une solidité et un gainage plus importants, nécessaires au saut, puisqu'ils renforcent efficacement l'équilibre et la fluidité pendant la course et la propulsion. Ainsi, pour effectuer ce sport, il est donc primordial de pratiquer une musculation complète du corps car chaque muscle a son importance. S'ils ne sont pas assez musclés, ceux-ci risquent de se déchirer, ce qui peut provoquer d'importantes douleurs musculaires.

D'ailleurs, nous nous sommes rendus, le 14 novembre 2018, au palais Nungesser de Valenciennes, pour un entretien avec Lionel Gabaut (sur la photo de droite), un entraîneur d'un club de saut à la perche.

Lors de cette rencontre, nous lui avons demandé s'il était possible d'essayer. Or, celui-ci nous a expliqué que nous ne possédons pas la préparation physique nécessaire pour pratiquer ce sport, ainsi, le risque de blessure était trop fort.

Et il nous a expliqué qu'un entraînement de saut à la perche était essentiellement basé sur la musculation. Nous avons pu observer qu'un perchiste débutant se muscle sur des barres de traction pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois avant de s'exercer sur les pistes


Cependant, il semblerait que nous atteignons les limites physiologiques du corps humain. Selon une étude menée par l'IRMES (Institut de Recherche bio-Médicale et d'Epidémiologie du Sport), 99% des capacités de l'Homme seraient déjà atteintes, ce qui ne laisserait plus qu'une très faible marge de progression dans la course aux records.

De par l'étude des propriétés mécaniques des organismes vivants, dans le saut à la perche, on retrouve une des disciplines scientifiques les plus importantes pour l'étude de ce sport, la biomécanique.

b) Les qualités psychologiques

Le saut à la perche est aussi un sport qui nécessite de très bonnes qualités psychologiques. 

Souvent, on voit le perchiste prendre son temps avant de s'élancer car l'aspect psychologique est capital dans cette discipline anxiogène. Il faut être prêt à s'engager au maximum pour maîtriser un saut d'une hauteur qui peut parfois paraître surhumaine. De plus, la moindre erreur peut engendrer des traumatismes et d'importants dégâts physiques, car c'est un sport dangereux qui allie hauteur et vitesse. En saut à la perche, les situations dangereuses ne manquent pas avec par exemple une perche qui casse, un choc violent au décollage ou une réception mal assurée. Il y a aussi le « retour-piste », qui est expression utilisée pour qualifier un saut où le sauteur est renvoyé sur la piste après la flexion. Il est très dangereux et peut provoquer une fracture du coccyx, des hanches ou des lombaires, et peut même entraîner une paralysie des jambes. 

Ainsi, un perchiste se lance en ayant conscience des nombreux risques qu'il peut exister, c'est pourquoi pour réussir dans ce sport, il faut posséder des facultés mentales d'exception. D'ailleurs, le saut à la perche a longtemps été interdit aux femmes à cause de sa dangerosité et de sa difficulté physique. Pour les femmes, c'est seulement en 2000 que cette discipline est entrée aux Jeux Olympiques d'été, contrairement à 1896 pour les hommes.

Après un travail méthodique auprès des sportifs qui ont été un jour les numéros un mondiaux dans leur discipline, Hubert Ripoll a pu dégager des points communs à tous ces athlètes. « Ils sont tous portés par une motivation ( forgée dès l'enfance) qui les pousse à agir et surtout à endurer pour durer,», explique-t-il. . Les meilleurs mondiaux savent profiter de la pression pour se transcender alors que pour d'autres sportifs, elle se transforme en un stress qui inhibe et nuit à la performance.  

Les facteurs techniques 

En revanche, les facteurs morphologiques et physiologiques ne sont pas les seuls à entrer en jeu dans la performance du saut à la perche. En effet, la technologie du matériel influe aussi beaucoup. On peut s'entraîner très dur, on peut se forger un moral de vainqueur, mais pour gagner, il faut surtout du bon matériel et une application implacable des techniques.

a) La posture

"Le saut à la perche: une question de posture"

Comme on a pu le voir précédemment, le perchiste doit donc être rapide pour prendre le plus de vitesse possible mais il doit aussi être précis pour mettre la perche dans le butoir tout en étant bien positionné pour la suite du saut pour rattraper d'éventuelles erreurs. En effet, la motricité et la posture du corps doivent être irréprochables pour exercer ce sport puisqu'il faut amener la perche de la position verticale jusqu'à l'impulsion du perchiste qui crée « l'effet catapulte ». Ce mécanisme engendre une trajectoire curviligne, ceci lui permettant de s'élever au plus haut pour dépasser la barre. On retrouve ici, la balistique. 

La chronophotographie (décomposition d'un mouvement) ci-dessus nous montre bien qu'il s'agit d'une trajectoire curviligne. Cependant, on pourrait se demander en quoi la façon dont évolue la position du perchiste et ses différentes postures au cours de cette trajectoire expliquent-elles l'amélioration de la performance. Tout d'abord, même si chaque athlète a sa technique qui lui est propre en fonction de son gabarit, de sa taille, de sa course et de son mental, on retrouve un cycle commun constitué de plusieurs phases successives très différentes les unes des autres. Il est indispensable de les analyser pour étudier le saut à la perche. 

Tout d'abord, pour pouvoir transmettre le plus d'énergie possible à la perche, il faut une course d'élan où le sauteur a le temps de prendre de la vitesse. En général, une course d'élan de sauteur professionnel varie de 35 à 45 mètres. Elle démarre par un appui solide et ancré et est le résultat d'une montée en vitesse progressive. Lors de cette course, le sauteur tient sa perche sur le côté, à la verticale car si elle était tenue à l'horizontale, elle gênerait le sauteur dans sa course car elle entraînerait ses épaules vers l'avant, l'empêchant alors de mener une course stable nécessaire à une bonne impulsion. 

Ensuite, le « présenté » vers le butoir s'effectue sur les trois derniers appuis. Le sauteur doit, durant cette seconde phase, progressivement abaisser sa perche, devant soi dans l'axe, pour pouvoir la placée dans le butoir à l'impulsion, avec le bras supérieur tendu au-dessus de la tête. La difficulté est telle qu'il faut une synchronisation parfaite pour que la perche rentre le plus précisément possible dans ce butoir, tout en se concentrant sur sa course. Dans ces deux premières phases, ce sont donc les qualités athlétiques du sauteur qui sont donc sollicitées. Le perchiste exécute ensuite un saut vers l'avant et le haut, c'est l'impulsion. C'est la troisième phase du saut et elle a une importante capitale puisqu'elle influe sur toutes les autres phases en dirigeant le sauteur vers une direction précise.

Quand un perchiste saute à droite, le pied d'impulsion est le pied gauche, il porte alors la perche du côté droit (A), la main supérieure est la main droite (B) et, lors de la phase d'envol, il passera à droite de la perche (B,C). Puis, pour réaliser une impulsion efficace, il faut coordonner l'impulsion jambe gauche avec le soulevé actif de la perche au-dessus de la tête. La bonne réalisation de cette technique permet de transmettre le maximum d'énergie à la perche, donc de redresser rapidement le levier, qui représente la distance qui sépare la main supérieure du pied de perche, distance qui inclut forcément les 20cm de profondeur du butoir. Ainsi, plus un perchiste pendra de levier, plus il devra avoir une vitesse de décollage élevée pour avoir assez d'énergie pour passer au-delà de la barre. D'où la difficulté à prendre un grand levier.

Ensuite, sous l'effet de l'élan donner par le perchiste durant cette impulsion, la perche commence à se plier (voir image), c'est la quatrième phase du saut. Lorsque la perche se plie, le perchiste effectue une rotation autour de l'axe des épaules tout en restant éloigné de la perche, car la rotation s'exécute les bras en extension. Le perchiste se retrouve ainsi le dos parallèle au sol, les jambes groupés. Puis il effectue un renversement complet, dos à la barre, cherchant ainsi à positionner son bassin au-dessus du niveau des épaules, en ligne droite vers la barre. 

Le perchiste doit donc être capable de développer une force musculaire très importante au niveau des épaules s'il veut se positionner le plus haut et réaliser une performance maximale. C'est à ce moment précis que le perchiste devient gymnaste et que la souplesse et la détente recommandée interviennent. Il s'agit d'une phase très difficile puisqu'il n'a plus de repère et se fie aux sensations pour se placer correctement. 

Après avoir été catapulté au-dessus de la barre, le sauteur « l'enroule », c'est la cinquième phase du saut. Ici, le but est de ne pas toucher la barre, pour cela le perchiste doit se retourner pour avoir la vision comme repère. Lorsque qu'on observe les sauts de sportifs professionnels tel que Renaud Lavillenie, on se rend compte néanmoins qu'au moment où la perche est complètement revenue à sa forme initiale et que le perchiste la lâche, celui-ci continue de s'élever. Il effectue alors une chute libre ascendante. En effet, juste avant de lâcher sa perche, comme on peut le voir sur la photo ci-dessus, le sauteur donne une dernière poussée pour prolonger son ascension. Cette ascension que le sauteur doit effectuer seul, sans l'aide de sa perche, est appelée le "rapport". On peut le calculer en faisant la différence entre la hauteur franchie et la hauteur du levier, moins 20 centimètres qui correspondent à la profondeur du butoir.

Mise en pratique:

Par exemple, un perchiste qui utilise un levier de 5,20 mètres, et qui souhaite franchir une barre se situant à 5,80 mètres, va en fait s'élever de 5 mètres grâce à sa perche, puis devra produire un rapport de :

h(finale) - h(initiale) = 5,80 - 5 = 80 cm

Enfin, la dernière phase correspond au moment où le perchiste exerce une chute libre ascendante sur un matelas souple.

Ainsi, le saut à la perche fonctionne à l'aide d'un cycle complexe qui diffère légèrement selon les perchistes, mais dont l'acquisition des techniques est le fruit d'une répétition et d'une préparation longue. Les perchistes se doivent d'adopter des postures et un comportement précis leur permettant d'utiliser les capacités de restitution d'énergie de la perche dans le but d'atteindre une grande performance (Les différentes énergies misent en jeu dans un saut seront détaillées dans une partie postérieure).

Cependant, deux techniques s'opposent actuellement : les techniques russes et françaises. Leurs principales différences, bien que subtiles, se faisant au niveau de l'écart des mains sur la perche, de l'intention au moment de l'impulsion et du travail du bras inférieur sur la perche. Autrement, la plupart de phases sont identiques.

-La méthode « Russe » : l'écart des bras est moins important, illustrée par Sergueï Bubka (meilleur perchiste de tous les temps) et Yelena Isinbayeva (meilleure performeuse de tous les temps) consiste à se laisser porter par la vitesse afin de se placer sous la perche. A ce moment, le bras gauche subit plus qu'il n'agit par une rétro-pulsion De plus, le retourné, dans cette technique, n'est effectué que parce que le bassin va plus vite que les épaules.   

-La méthode « Française » : l'écart des bras est plus important. La technique française a été adoptée par exemple par Georges Martin l'ancien entraîneur de Jean Galfione, Romain Mesnil et de Daniel Dossevi. A l'inverse de la technique Russe le bras gauche est très important car il appuie sur la perche pour lui donner un supplément d'énergie pendant le saut.

Ainsi, la principale différence des deux techniques est que dans la méthode russe, le perchiste se place dans la continuité de son saut, grâce à l'élan, alors que dans la méthode française, le perchiste va « attaquer » son saut, à l'aide d'une force musculaire exercée par le bras supérieur.  

Par l'étude des mouvements et des différentes postures du perchiste durant un saut, on retrouve une des disciplines scientifiques importantes pour étudier ce sport, la kinésiologie

b) Les facteurs météorologiques

Le saut à la perche est un sport qui peut se pratiquer sur une piste à l'extérieur comme à l'intérieur d'une salle. Cependant, l'environnement peut différer selon l'endroit du saut. Tout d'abord, à l'extérieur l'athlète peut faire face à des conditions météorologiques qui nuisent ou avantages ses performances. Par exemple, si le vent, qui représente un facteur important dans le contrôle et la stabilité, est de face ou de côté, il peut dévier ou freiner la perche et entraîner le perchiste dans une mauvaise direction. À l'inverse, quand il y a un vent de dos, quand un perchiste prend son l'élan, cela le pousse et peut l'avantager. De plus, lorsque les conditions sont optimales (soleil, bonne température...) cela peut jouer sur la forme des athlètes, donc ils établissent souvent de meilleurs performances. A contrario, si celles-ci sont plus inappropriées, elles peuvent jouer en la défaveur des conditions mentales du perchiste et donc dans la perfection de leur saut. Un perchiste performant en extérieur nécessite donc la capacité à s'adapter en fonction du temps et de faire abstraction de certains éléments de l'environnement qui l'entoure, car à haut niveau, une légère variation peut avoir d'énormes conséquences sur le saut. 

A l'intérieur, ces facteurs météorologiques sont moindres voire inexistant. Il n'y aura pas de pluie pour rafraîchir les muscles ni de vent pour bouleverser les courses d'élan. C'est là où est le principal avantage de la salle. Le perchiste n'a pas à se soucier des conditions météorologiques, et n'a plus qu'à se concentrer sur le choix de sa perche, ses marques, le réglage des poteaux et sa technique. De plus, comme l'environnement en indoor est toujours plus ou moins semblable (la température est toujours située entre 18° et 20°), il le sera donc avec celui appris durant les entraînements. La régularité des températures permet au perchiste d'ajuster son saut au niveau technique. Le perchiste aura donc ses repères et sera donc favorisé à la performance. C'est pour ces raisons que les records et les meilleures performances ont souvent été réalisés en intérieur. 

Même si les facteurs météorologiques ont un rôle important dans la performance, on observe qu'en salle, les conditions sont bonnes et stables alors qu'en extérieur, elles sont très instables mais elles peuvent être meilleures si la météo le permet. C'est donc le profil et les préférences du perchiste qui va déterminer la meilleure efficacité de ces deux lieux.

c) Le matériel

"Quand l'évolution du matériel fait évoluer une discipline sportive" 

Dès la naissance du sport, les athlètes ont toujours cherché à aller plus vite, plus loin, plus haut. Cette quête, au-delà de la quantité et de la qualité de l'entraînement, s'est rapidement appuyée sur le développement du matériel et des équipements sportifs. Le matériel nécessaire pour pratiquer le saut à la perche est simple. Cependant, comme dans les autres sports, il a évolué pour permettre d'améliorer la performance.

Tout d'abord, on observe de fortes évolutions dans le sol. Au cours du temps, la course d'élan s'est allongée, propice à l'atteinte d'une vitesse maximale. Cette amélioration s'accompagne d'une évolution dans les chaussures du perchiste. En effet, l'apparition des chaussures à pointes a été une étape primordiale dans l'histoire du sprint et a révolutionné la course d'élan du saut à la perche. 

Même si les gains de temps sont difficiles à estimer. L'utilisation de ces chaussures avec des « clous », placés à l'avant, s'explique d'abord par le fait que lorsque l'athlète court, le contact avec le sol se fait principalement en plante de pied (métatarse). De plus, Il faut aussi rappeler que pendant très longtemps, les pistes d'athlétisme étaient en cendrée (une sorte de terre battue qui ne présentait pas l'adhérence des pistes en tartan actuelles). D'où l'intérêt de renforcer le contact avec le sol sur les premiers appuis grâce à l'utilisation de pointes. L'utilisation de pointes placées à l'avant, mais aussi à l'arrière de la semelle s'explique par une attaque de pied où le talon se pose d'abord afin de permettre un blocage et donc une modification de la trajectoire du sauteur. . Ces chaussures permettent donc au perchiste de ne pas modifier sa trajectoire et renforce sa stabilité, deux éléments très importants pour une course optimale, comme on a pu le voir dans une partie précédente.

Ensuite, on remarque une autre évolution au niveau du sol mais cette fois un peu plus tard, pour l'ultime phase du saut : la réception. En effet, il y a encore quelques années, le matelas de réception n'existait pas et il était remplacé par un simple tas de sable. Les records du monde stagnaient aux alentours des 4m80. Au début des années 60, le matelas en mousse souple fut alors introduit souple et cela changea complètement le saut à la perche. N'ayant plus de soucis de réception, les perchistes pouvaient alors se concentrer sur leur technique au lieu de devoir obligatoirement retomber sur leurs pieds pour ne pas se blesser gravement. Les records alors progressèrent fortement. Le record du monde de saut à la perche passa ainsi de 4m83 en 1961 à 5m44 en 1969. Le matelas en mousse a donc simplifié et révolutionné l'étape de la réception.

Enfin, le perchiste dont les mains glissent, y applique de la magnésie. C'est un produit nécessaire pour une meilleure adhérence dans la prise en mains de la perche. En effet, le carbonate de magnésium, de formule brute MgCO3, est un solide de couleur blanche utilisé comme anti-transpirant dans le saut à la perche, comme dans de nombreux autres sport gymniques. Ses propriétés chimiques permettent, en effet, d'assécher la peau dès l'application, en l'occurrence les mains.

Ainsi, le sport a toujours été très sensible aux évolutions techniques, mais c'est encore plus vrai pour le saut à la perche, où les révolutions techniques ont permis d'effectuer de nettes améliorations des performances. Ces nouveaux équipements sportifs, garantissent à l'athlète une pratique sûre et confortable, tout en lui permettant de repousser ses limites. Néanmoins, le talent hors-norme des sportifs comme Sergueï Burbka, Yelena Isinbayeva ou Renaud Lavillenie fera toujours de ce sport un moment magique suspendu dans le temps que l'on regardera avec des étoiles dans les yeux. 

c) La perche

Cependant, après avoir fait l'étude des matériels principaux qui ont bouleversé le saut à la perche, nous observons qu'il manque un élément, et pas des moindres, puisqu'il s'agit de la perche. Nous voilà maintenant arrivé à l'élément principal de notre recherche.

"Trouver la bonne perche: un choix complexe" 

Selon les spécialistes, le choix d'une perche représente la moitié des chances de réussir un saut, autant dire que c'est une étape qu'il ne faut pas négligé. C'est pour cela que lorsqu'un perchiste se rend à une compétition, il emporte avec lui de nombreuses perches, toutes différentes, et qu'il consacre du temps au choix de la bonne perche.En effet, il emmène avec lui des perches différentes afin d'adapter au mieux son saut par rapport au contexte, sa forme du moment et à l'environnement.

Les perchistes cherchent une perche à la fois solide et qui rend beaucoup d'énergie lorsqu'elle est déformée. Trois éléments sont alors primordiaux pour choisir la bonne perche. Il s'agit de sa longueur, de la flexibilité et de son indice de dureté (sa rigidité). Ces valeurs sont différentes d'une perche à l'autre. L'indice de dureté correspond au poids que la perche peut supporter, plus l'indice est bas et plus la perche est raide. Ainsi, nous pouvons voir que le poids du perchiste entre en jeu dans le choix de la bonne perche. Plus une perche est rigide, plus le saut ira haut, car plus un matériau est rigide, et plus la quantité d'énergie ''libérée'' par ce matériau va être grande. Cependant il faut que le sauteur réussisse à la plier, aidé par la vitesse accumulée par ce dernier, et grâce à la force de ses bras. C'est là qu'est la limite de ce facteur. On retrouve donc l'importance du développement musculaire au niveau des bras. 

Ensuite, la flexibilité et la longueur sont liées. En effet, la flexibilité s'opère en grande partie par le levier pris par le perchiste au moment du saut. Le levier est la longueur entre le bouchon de la perche et la main supérieure du perchiste. En effet, plus il est important, plus la perche pliera facilement. En 2009, lorsque Renaud Lavillenie passe pour la première fois le mur des 6m, il utilisait un levier de 5m08 sur une perche de 5m10, alors que pour son saut à 6m16, il a placé sa main droite à 3cm de l'extrémité de sa perche, c'est-à dire à 5m17. Une progression logique puisqu'il a choisi une perche avec un levier plus important. Ainsi, plus une perche est grande et plus le perchiste est susceptible d'aller haut. 

La taille d'une perche varie de trois mètres pour les débutants à plus de cinq mètres pour le très haut niveau masculin. Cependant, on sait que règlement ne limite pas la longueur de la perche. On pourrait alors se demander pourquoi les perchistes ne prennent pas des perches encore plus longues que celles choisies actuellement. C'est tout simplement parce que sinon ça posera problème pour la course et pour le rattrapage sur le tapis. En effet, la course d'élan serait assez compliquée, d'autant plus lors du « présenté », car le perchiste rencontrera beaucoup de difficulté à rentrer une énorme perche dans un butoir. La précision et la vitesse de la course seraient alors altérées. 

Ainsi, la bonne perche est celle qui équilibre flexibilité, longueur et rigidité. On sait que plus une perche est grande plus le perchiste pourra théoriquement sauter haut. Or, un grand levier appelle une grande flexion de perche et pour que la perche puisse restituer l'énergie emmagasinée par cette flexion, il faut qu'elle soit relativement dure. On observe d'ailleurs qu'au côté de chaque perche, l'indice de dureté et la longueur sont mentionnés de la façon suivante : 425/59. Ceci indique que la perche mesure 4.25 mètres et peut renvoyer jusqu'à 59kg. Ces valeurs permettent aux perchistes de se renseigner sur la perche qu'ils vont utiliser.

De plus, la technique russe, qui requiert des athlètes agiles, légers et souples, ne nécessite pas une très grosse perche. En effet, les qualités de perche requises pour cette méthode sont avant tout la légèreté, et une forte flexibilité, pour que le perchiste puisse se laisser porter par la vitesse de la perche. En revanche, la technique française, qui requiert des athlètes plus lourds et avec une structure musculaire plus développée, nécessite donc une perche assez dure qui supporte plus d'énergie et une flexion supérieure à celle de la technique russe. Elle sera donc nécessairement plus lourde et son indice de dureté sera donc plus élevé. Ainsi, le perchiste doit aussi s'adapter en fonction de la méthode qu'il utilise.

Cliquez ici pour se diriger vers la partie suivante: Le rôle de l'Histoire et de la composition de la perche, dans la performance

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